Le désir peut-il se satisfaire de la réalité
La réponse à la question posée semble immédiatement négative. En effet, le désir naît d’abord d’une insatisfaction face à la réalité et rencontre cette dernière bien souvent comme obstacle. Nous désirons ainsi avant tout ce qui nous manque, ce que nous ne possédons pas et c’est d’ailleurs généralement cet écart entre ce que nous offre la réalité et nos aspirations qui est source de malheur. Mieux encore, le désir semble n’exister que par son insatisfaction. A peine un désir est-il satisfait que le désir change d’objet. Dès lors, dire que le désir pourrait se satisfaire de la réalité reviendrait à penser sa négation même. Ainsi, s’agit-il de penser que nous sommes condamnés à l’insatisfaction ? Toutefois, nous pouvons remarquer ici que la notion de réalité est ambiguë. En effet, que désigne-t-on sous ce terme ? Dans un sens premier, elle désigne ce qui nous entoure. Mais cette réalité n’est pas stable et immuable. Et désirer, n’est-ce pas aussi être conduit à faire en sorte de transformer cette réalité ? Face à la résignation de l’insatisfaction, le désir ne peut-il pas être ce qui nous conduit à nous satisfaire de la réalité ?
Première partie :
On peut partir ici de constats simples sur le désir en montrant qu’il naît d’un manque donc d’une insatisfaction face à la réalité. C’est ainsi l’écart entre ce que nous avons, ce que nous vivons et ce à quoi nous aspirons qui le nourrit. Dès lors, si nous nous satisfaisons de la réalité, cela signifie que nous n’éprouvons plus de manque, que nous ne désirons plus. Le désir semble donc être par essence ce qui ne peut se satisfaire de la réalité. Ici, vous pouviez penser aux analyses de Platon dans le Gorgias lorsqu’il compare le désir au tonneau percé des Danaïdes, toujours plein, toujours vide et impossible à remplir. Autre référence possible ; toujours Platon dans le Banquet lorsqu’il en retrace l’origine à travers le récit mythique de la naissance dErosfils de Pénia