Le déclassement: peur ou réalité?
Pour plusieurs auteurs, le déclassement, diminution de la mobilité sociale ascendante et augmentation des trajectoires descendantes, est exceptionnel pour les générations anciennes, et marqué pour les plus jeunes, car les perspectives de mobilité sociale en France ont évolué au cours des trois dernières décennies (Peugny, 2009). Le déclassement serait lié à des raisons structurelles : les baby-boomers auraient connu une économie favorable à l’ascension sociale (Trente Glorieuses, croissance et plein emploi), tandis que la génération des années 60 aurait été confrontée à une crise économique profonde, et un chômage croissant. De la même façon, pour Chauvel (2006), les enfants connaissent aujourd’hui, en France, à leur entrée dans le monde du travail, une situation moins favorable que celle de leurs parents (les nouvelles générations subissent une remise en cause de la dynamique d’ascension sociale typique de la période précédente : les déclassements sociaux sont plus fréquents, soit par rapport aux parents, soit par rapport au niveau de diplôme atteint).
Contrairement à cette analyse du déclassement comme réalité tangible, Maurin (2009) distingue un déclassement effectif d’un déclassement virtualisé : la peur de perdre son statut. Selon lui, la majorité des français reste à l’abri d’un déclassement effectif. Mais la peur du déclassement, phénomène global et diffus, gouverne l’imaginaire des individus et des groupes, notamment pendant les périodes de récessions. Il devient de ce fait l’énergie négative de la société