Le droit public
Le droit se pose en tant que différent des faits. Cette différence est le fait du droit. C'est le droit qui fait la différence. L'opposition suppose le droit. Ce n'est pas le droit qui s'oppose au fait mais le droit qui s'oppose le fait. Le droit se pose comme laissant de côté le fait et se définissant à partir de ses propres déterminations. Les faits, ce n'est pas seulement les phénomènes de la nature en face desquels aucun droit ne peut se poser. Les faits c'est ce qui est fait par des agents (une pratique, des effets produits). La totalité de ces faits s'appelle l'histoire. Le droit se pose en retrait des faits : c'est en lui que l'on retrouve les caractéristiques différenciantes. Le droit (quelle que soit son instance) discrimine, discerne, distingue ce qu'il permet et ce qu'il interdit.
Dès que le droit a parlé il y a discernement. Il a une manière d'exercer son activité sur les choses : il y a des différences, des distinctions, tout se passe comme si l'abolition de ces différences serait de la folie. Savoir ce qui est licite et illicite est aussi important que savoir ce qui est vrai ou faux, réel ou imaginaire. (...). Le droit distingue dans les actes de la possession et de la propriété, de l'échange et du contrat. Il y a donc une pensée à l'oeuvre qui maîtrise le donné et ne se contente pas du donné puisqu'elle classe. Ce qu'introduit le droit c'est du dire, de l'énoncé, de l'explicite. On passe de pratiques naturelles à des pratiques médiatisées par le langage.
Le droit écarte de lui le fait, à travers trois actes :
Celui de l'universel;
Celui du formalisme;
Celui de la négation.
B/ Les trois actes de la distance
1) L'universalisation
Le droit universalise parce qu'il abstrait. L'universel ne consiste pas à dire que le droit est valable pour tous; le droit isole dans un fait ce qui peut être universellement reconnu comme valable, abstraction faite de ce cas-là. On transforme en droit lorsque l'on légitimise la