Le drame romantique
Critique des entraves dramaturgiques
Articles détaillés : Règles du théâtre classique et Drame bourgeois.
Avant le xixe siècle
La remise en cause de la dramaturgie règlementarisée ne date pas des temps modernes : l'esthétique baroque du xviie ne s'y pliait que rarement. L'unité d'action, consacrée par l'autorité d'Aristote qui l'énonce au chapitre VIII de sa Poétique, n'est pas respectée par exemple dans L'Illusion comique de Corneille, ce dernier accumulant les niveaux d'intrigues. Le siècle suivant est l'époque du drame bourgeois, nommé « le genre sérieux » par Diderot dans Le Fils naturel. À l'inverse, certains passaient pour héritiers de la tradition classique, tel Voltaire qui « fit croire des Enfers Racine revenu » (Prince de Conti) en publiant Oedipe.
Une esthétique populaire[modifier]
Pour le futur politique François Guizot dans sa Vie de Shakespeare (1821), le théâtre est une fête populaire, que le peuple ne saurait se donner lui-même et que l'artiste doit lui apporter. En effet le théâtre est écrit pour toute la nation : le xixe siècle voit aussi la montée du nationalisme. Cette popularisation du théâtre s'est produite notamment par le biais de théâtres non-subventionnés et autonomes dont le fameux Théâtre de la Porte-Saint-Martin.
Victor Hugo a exposé les grandes lignes théoriques du drame romantique dans la préface de Cromwell (1827). Il y définit le drame romantique comme « une peinture totale de la nature ». S'y mêlent donc, selon son mot, « grotesque et sublime ». Selon Victor Hugo, aux trois âges du monde correspondent trois moments de la poésie : l'ode, l'épopée, le drame. Les temps primitifs sont lyriques, les temps antiques sont épiques, les temps modernes sont dramatiques. Le drame devient ainsi un point d'aboutissement, accueillant la totalité du réel : « le théâtre est un point d'optique. Tout ce qui existe dans ce monde, dans l'Histoire, dans l'homme, tout doit et peut s'y réfléchir, mais sous la