Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Le Dormeur du val est un sonnet en alexandrins d'Arthur Rimbaud. Ce poème est le premier du second Cahier de Douai (le recueil Demeny).
Nous pouvons de même remarquer la manière singulière qu'a choisie l'auteur de présenter le personnage. En effet, celui-ci utilise un « zoom » comparable à celui d'une caméra. On commence ainsi sur le paysage « c'est un trou de verdure », puis sur le soldat dans son ensemble « un soldat jeune », puis on se rapproche de lui encore « souriant », pour ainsi se focaliser sur les « deux trous rouges au côté droit ». On peut remarquer que cette structure est dévoilée selon les strophes du sonnet.
L'horreur de la guerre a inspiré de nombreux textes, l'un des plus célèbres par la sobriété de sa dénonciation est peut-être le sonnet Le Dormeur du Val d'Arthur Rimbaud.
Informations pour l'introduction :
- Ce poème est tiré d'un recueil intitulé «poésie » écrit par Arthur Rimbaud en 1870 (année terrible pour les Français : cette année marque la fin de l’empire de Napoléon 3)
- Forme classique du sonnet de la Renaissance, chute respectée au dernier tercet.
Problématique : Au-delà de la description d'un être finalement sans vie, Rimbaud dénonce l'absurdité de la guerre.
Plan possible :
I Un cadre champêtre
- tout ce qui renvoie au