Le don de la princesse
Il y était une fois, dans une contrée lointaine, une petite princesse qui s’appelait Aurélie, la cadette de ses quatre sœurs. Un jour en plein hiver la petite Aurélie aux yeux bleus et cheveux blonds et bouclés était assise à côte de la fenêtre. Elle poussa un gros soupire, en regardant la pluie tomber sur le jardin du vieux château de son père, le bon roi Sylvestre. Le paysage du royaume s’étendait à perte de vue, une véritable tapisserie de verdure. Deux grosses larmes coulèrent de ses yeux, normalement brillants, mais aujourd’hui, tristes et ternes. Bien qu’elle eût à peine douze ans, elle était une fille sérieuse et sincère.
« Mes quatre sœurs sont toutes douées, elle se murmura. Moi, je n’ai aucun don particulier pour partager avec les autres. »
A ce moment-là on sonna le dîner. Elle se leva et se dirigea ses pas vers l’escalier étroit qui menait à la grande salle à manger en-dessous. Elle s’égaya en rejoignant la famille pour le grand repas du jour; l’ambiance était conviviale et chaleureuse.
Elle regarda autour d’elle. Hélène, la sœur ainée, belle et charmante, était assise à sa gauche. A vingt ans, elle était déjà cantatrice renommée ; les princes des pays d’alentours voyageaient une grande distance pour l’écouter chanter. Catherine, à sa droite, était très intelligente : elle se distinguait des autres de son âge par ses grandes connaissances en géographie et en sciences. En face d’Aurélie la princesse Agnès discutait heureusement avec son père. Comme danseuse elle était merveilleuse. Il n’y avait pas son pareille dans le royaume. A côte d’elle était assise Mathilde, jolie avec les lèvres rouges et la peau fraiche comme une rose. Elle était actrice accomplie. Le public hurlait de joie quand elle apparaissait sur la scène.
Aurélie ne parla point pendant tout le repas, en cachant sa tristesse à elle-même, mais aussitôt que son père se fut levé du table, elle courut vers lui et suivit ses pas jusqu’ à son bureau