Le desir
I. Ambivalence du désir
II. Désir et besoin
Le désir et le besoin sont deux expériences du manque. Qu'est-ce qui les distingue ?
Pb. : Le désir est-il le prolongement inévitable du besoin, son expression humaine, ou recèle-til une différence irréductible, une altérité décisive ? Bref, entre le désir et le besoin, y a-t-il continuité ou rupture ?
A. Les critères d'opposition : nature/culture ; animalité/humanité Quelle différence entre avoir soif et désirer un verre d'eau, entre le besoin et le désir ?
On oppose communément le caractère naturel du besoin au caractère culturel du désir.
Le besoin apparaît d'abord comme un fait de la nature, il se définit par la nécessité physiologique : j'ai besoin de boire, manger, dormir... Les besoins seraient naturels et justifiés, les désirs seraient capricieux et illégitimes. Mais où s'arrête la liste ? Y a-t-il une limite au caractère naturel de besoin ? C'est la question que pose la philosophie d'Epicure, qui s'efforce de distinguer, dans l'ensemble de nos désirs, ceux qui sont naturels, les besoins, de ceux qui ne le sont pas. D'où l'importance de les sélectionner. Critères adjacents :
Nécessité/ contingence : Le besoin est défini, vital, alors que le désir apparaît infiniment variable. Les besoins révèlent ce qui est nécessaire à l'organisme pour survivre : ils ne dépendent pas d'une volonté, mais d'une nécessité. Aussi serait-il absurde de reprocher à quelqu'un son besoin d'eau ou de protéines. A l'inverse les désirs ne sont pas nécessaires, la volonté peut les réfréner, en différer la satisfaction, voire les sacrifier. Ainsi, on peut reprocher à quelqu'un d'«avoir les yeux plus gros qu le ventre». Seraient-ils pour autant artificiels ?
Rapport au temps et à l'espace : Une fois le besoin satisfait, il cesse, les exigences du corps étant assouvies. A l'inverse le désir n'est jamais comblé, comme le tonneau percé des Danaïdes (cf. Gorgias de Platon), qu'il faut