Le cygne du munch
Il s'agit d'un poème en deux parties, treize quatrains d'alexandrins en rimes croisées. Il possède une structure en miroir : les mêmes éléments sont repris dans l'ordre inverse, on commence avec Andromaque et on finit avec elle. Les allégories priment dans ce poème : Baudelaire fait appel à son imagination et à des souvenirs, des références littéraires. Le poème est dédié à Victor Hugo : à cette époque, il est exilé.
Sur le thème de l'exil, quatre motifs se développent : celui de l'Andromaque, celui de la ville, celui du cygne, celui des exilés. Ils ne se succèdent pas, ils s'appellent et ils s'enlacent dans un jeu savant.
Première partie
Comme souvent chez Baudelaire, l'eau est au centre des tableaux, celle des larmes et celle du miroir, celle des flaques et celle du ciel, celle de la mer et celle des fleuves.
Vers 1-8
Le nom d'Andromaque se détache comme un appel. Il suscitera les sortilèges de la légende; mais d'abord le poème restera tout proche de l'humble réalité. C'est à partir d'un ruisselet asséché dans lequel un cygne “évadé de sa cage” cherchait désespérément une goutte d'eau qu'est sans doute née la rêverie du penseur. Le mouvement du vers, avec ses silences, traduit le mouvement de l'âme; le rythme monte dans le second vers, s'étale sur le troisième et le début du quatrième puis redescend.
La scène a “fécondé” sa mémoire et l'a rendue fertile : elle a multiplié les rapprochements et les oppositions, les rapports entre le présent et le passé, les plaintes de l'âme solitaire. Le petit “fleuve”, triste et pauvre, reflétait la douleur immense et majestueuse de la “veuve” (vers 1-6). Le miroir compte moins que l'image renvoyée et cette image était celle de la veuve inconsolable, hantée comme le cygne par le souvenir d'un bonheur perdu. Andromaque deviendra le symbole, le plus célèbre, le plus noble, de tous les exilés, de tous ceux qui rêvent d'un paradis lointain et qui “sont rongés d'un désir sans trêve”.
Puis le monde