Le crin de florence (marie rouanet) questions
Dans la chaleur d'étuve des filatures, leur visage écarlate penché sur les bassinets d'eau bouillante, elles allaient chercher de leurs mains agiles, mais enflées et rouges comme celles des laveuses de lessive, l'extrémité du fil de soie.
Les fileuses avaient dix, onze, douze ans, souvent moins. On les faisait mettre en rang, on leur faisait croiser les bras et réciter la prière. Ce n'était pas pour rien qu'on nommait les filatures les "couvents soyeux".
Tout au long du jour de travail, un long jour de douze heures - il commençait quant il faisait encore nuit et s'achevait à la nuit : 5 h - 19 h, la vapeur d'eau et la chaleur exaltaient l'odeur des chrysalides mortes.
Et c'est dans la puanteur et l'inconfort de l'humidité brûlante, que grossissaient au-dessus de leurs têtes les écheveaux de claire soie.
Ainsi la soie somptueuse naissait-elle dans l'odeur de la mort.
Mais il y avait un travail plus déplaisant, plus malodorant encore que celui du dévidage des cocons.
Certains vers étaient ouverts vivants. Les doigts menus allaient chercher, dans la tiédeur visqueuse des viscères (2), les glandes séricigènes. Il fallait les étirer mécaniquement pour obtenir un fil plus fin qu'un cheveu et plus solide qu'un filin.
On en fabriquait des bas de lignes et un fil chirurgical pour les sutures les plus délicates.
On l'appelait : le crin de Florence.
1. En vous servant d'expressions du texte, expliquez les deux façons d'obtenir du fil de soie.
- Faire bouillir de l'eau et mettre des cocons dans l'eau bouillante. " Ainsi la soie naissait-elle dans l'odeur de la mort. " " La vapeur d'eau et la chaleur exaltaient l'odeur des chrysalides mortes..."
- Ouvrir des cocons vivants, et y étirer mécaniquement les glandes séricigènes : " Les doigts menus allaient chercher, dans la tiédeur visqueuse des