Le corps dans l'art
Quoi de plus présent dans l’Art que le corps. Des premières Vénus aux travestis de Philippe Pasqua, l'humanité semble en effet n'avoir cessé de le représenter. Une obsession légitime pour cet ensemble de tissus et de fluides, de poils et de cellules qui, héritage d'une ancestrale animalité, s'avère également être l'écrin de notre singulière conscience, et ne pouvait à ce titre qu'interroger l'homme sur ses origines comme sur sa finalité.
La représentation du corps humain est absolument essentielle dans l’art – et en particulier dans la culture occidentale. En se représentant, l’homme affirme sa place dans le monde, et rivalise, en tant que créateur, avec la nature qui l’entoure. Représenter le corps humain fut d’abord, largement, une entreprise de conquête de l’homme sur l’univers qui l’environne. Au fil du temps, les artistes acquièrent une maîtrise technique qui va de pair avec une connaissance de l’anatomie humaine. Aux figures figées de l’art égyptien, destinées, avant tout, à être immédiatement compréhensibles pour le spectateur, et à conserver, sur terre, l’image d’un défunt, succèdent les corps plus déliés et plus naturalistes de l’art grec.
L'art de l'Égypte antique est en grande partie composé de bas-reliefs. Ceux-ci ayant un rôle religieux et politique, ils représentent les corps suivant un schéma de proportions précis et codifié généralisé par l'écriture hiéroglyphique2. Les individus sont aussi représentés de taille différente selon leur importance hiérarchique et la nudité est souvent l'apanage des serviteurs, comme on peut par exemple le voir sur la Palette de Narmer.
C’est en Grèce en effet qu’a lieu la première “révolution” fondamentale dans la représentation de la figure humaine. Au lieu de se contenter de conventions formelles établies, l’artiste grec se sert de ses propres yeux. Il cherche à rendre compte du corps de l’homme tel qu’il le voit, dans la réalité. Il veut montrer ses muscles, sa structure osseuse,