L’ouvrage de Michel Wieviorka intitulé La différence. Identités culturelles : enjeux, débats et politiques part du constat suivant : on assiste aujourd’hui au développement des particularismes culturels. Or la culture, terme polysémique par excellence, est l’enjeu central d’interrogations renouvelées par des inquiétudes d’ordre géopolitique. Enfin, l’opposition classique entre universalisme et relativisme, qui jusque là structurait l’approche de la différence par les sciences sociales, est devenue obsolète. On se trouve devant un vide épistémologique. C’est notre conception de la société, si on l’entend comme « un ensemble organisé de rapports sociaux trouvant leur unité dans le cadre symbolique et culturel d’une nation et de son Etat », qui se trouve ébranlée par le fait que les différences culturelles opèrent désormais dans nos sociétés, et non plus seulement entre sociétés, et qu’elles ne sauraient plus être envisagées comme réalités stables, mais en tant qu’ « affirmations changeantes », sans cesse travaillées par un processus de composition/recomposition.
Dans cette perspective, Michel Wieviorka se donne comme but d’élaborer des outils de compréhension qui permettent de mieux appréhender les réalités sociales qui découlent de la vitalité des identités culturelles. Pour ce faire, il affirme sa position de sociologue, en se démarquant des approches propres à la philosophie ou aux sciences politiques et juridiques.
Le champ d’analyse est essentiellement occidental, la France et les Etats-Unis constituant les principaux terrains d’enquête. Un premier enjeu peut être identifié : comment (ré)-concilier le sujet universel (que d’aucuns qualifieront d’abstrait) défini par un texte comme la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, et le sujet en tant qu’il est à la fois individu, être singulier et théoriquement libre, et porteur d’une identité collective ? Il s’agit aussi ici de repenser le cadre de l’Etat-nation tel