Le bonheur
Le bonheur – tout au moins son idée – nous serait-il indispensable ? Oui, toutes ces illusions sont là pour notre bien, car le bonheur est vital. Qu’arriverait-il si nous cessions de croire qu’avoir des enfants rend heureux, comme la plupart des études nous y invitent ? Ces dernières montrent que la satisfaction des couples, très élevée au début du mariage, baisse ensuite par à-coups jusqu’à atteindre son plus bas niveau à l’adolescence des enfants, ne remontant à son niveau initial qu’après le départ du dernier d’entre eux(3). Selon une autre enquête(4), qualitative celle-là, s’occuper des enfants rend les mères de famille moins heureuses que toutes leurs autres activités (seul le ménage leur coûte encore plus).
Le bonheur est vital pour notre espèce, donc, mais également pour l’individu. « Les hommes veulent être heureux et le rester », écrivait Freud. Il est aussi une affaire de santé : quand on vit un moment heureux, la chimie du corps s’améliore, la tension et le rythme cardiaque diminuent. A conditions de vie égales, les gens heureux vivent plus longtemps, ont un meilleur système immunitaire et plus de chances de bien se remettre après une opération.
Le bonheur nous motive
« Normal, dirait le psychologue Paul Diel, la vie veut vivre de mieux en mieux. » Précurseur de la psychologie positive, il en fit, dès les années 1950, le principe de sa psychologie de la motivation. Car le bonheur motive. Plus encore que la satisfaction qu’il apporte, sa première qualité est de nous stimuler. Si nous n’avions pas une vision du bonheur, que ferions-nous ? Il sert d’étalon de mesure à nos désirs, à nos projets et à nos actes, même les plus inconscients. Une expérience comportementaliste primaire (réagir à l’aide d’une manette à des mots défilant sur un écran) a ainsi montré que nous tendions naturellement à attirer vers nous les mots qui évoquent le bonheur et à repousser les mots désagréables, et qu’il était très