Le bonheur est il un droit
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Si la morale d'Epicure est sans doute une source d'excellents conseils pour affronter l'adversité, elle témoigne d'un certain optimisme quant au pouvoir de l'homme sur son destin et sur lui-même. Les affects ne se commandent pas si facilement. En outre, le bonheur dépend de certaines conditions matérielles dont il ne dépend pas seulement de moi qu'elles soient réalisées. Mais, précisément, ne pourrais-je pas considérer qu'elles constituent un droit politique? C'est alors l'Etat qui aurait pour devoir d'assurer le bonheur des citoyens.
1. Aristote.
Aux fonctions régaliennes de l'Etat, d'assurer la liberté et la sécurité, peut-on ajouter celle de garantir le bonheur aux citoyens? Aristote considère qu'en effet la politique a une fin morale: le bonheur. L'Etat doit proposer à chacun une activité capable de lui procurer le bonheur. Or, un être est heureux, selon le Stagirite, quand il accomplit sa fonction propre. La fonction propre de l'homme, c'est la raison. L'Etat doit donc fournir à ses citoyens l'occasion d'exercer leur raison. Aristote établit une hiérarchie des activités en fonction de leur capacité à rendre heureux. En tête vient la philosophie, supérieure à la politique, supérieure elle-même aux activités privées, commerciales et domestiques . L'Etat doit donc permettre à l'homme de philosopher, par conséquent lui garantir un temps de loisir -- pas grand chose à voir avec notre société du loisir, c'est-à-dire de la consommation d'objets censés nous procurer le bonheur, car le loisir, en grec, se dit scholè -- école. L'école, c'est précisément le lieu où, délivré des tâches domestiques, ménagères ou des travaux des champs, les individus trouvent la liberté de penser. L'Etat doit aussi permettre à chaque individu de participer à la vie politique afin qu'il exerce sa citoyenneté -- chez les Grecs, il s'agit d'une citoyenneté active.
2. Difficultés.
Un tel modèle peut-il convenir à tout homme? Le