Le bonheur est-il inaccessible à l'homme ?
Le bonheur (étymologiquement, bonne chance) désigne un état de satisfaction complète et de plénitude, distinct du plaisir, bien être agréable essentiellement d’ordre sensible. Alors que le plaisir appartient à l’ordre de la sensibilité et du temps, le bonheur correspond à un complet repos et se donne comme un état durable de satisfaction des tendances humaines. Au fond le bonheur désigne, dans notre idéal de vie quotidienne, une situation ou un état tels qu’on en désirerait la durée sans changement. Au contraire, le plaisir n’est pas un état et il est toujours partiel. Bien entendu, le bonheur se distingue aussi de la joie, beaucoup plus dynamique, alors que le bonheur parait, classiquement statique ; de plus la joie représente un passage à une plus grande affirmation de soi : c’est un élément du bonheur à la fois minimum dans le temps et maximum en intensité. C’est comme une satisfaction momentanée de tout l’être. D’autre part, dire que le bonheur est inaccessible, c’est dire que cette aspiration commune à tous les hommes qu’est le bonheur, est un idéal inatteignable, hors de portée de quiconque. Le problème est donc le suivant : l’état de satisfaction complète des tendances de l’homme, état de plénitude, est-il hors d’atteinte de l’homme, ce sujet et cette personne donateurs de sens ? Plus précisément, le problème est de savoir si la souffrance est coextensive au vouloir-vivre et si elle est seule positive, le bonheur n’étant plus alors qu’une idée impossible à réaliser ou bien si le bonheur peut se dévoiler dans sa réelle positivité et devenir le but réalisable de notre effort. I] Nous allons nous demander tout d’abord : le bonheur n’est-il pas qu’un idéal de notre imagination ? Ne dépend-il pas de conditions qui nous échappent totalement ou du moins en grande partie ? La condition humaine ne se révèle-t-elle pas liée à la souffrance ? II] Mais le bonheur ne peut-il pas être atteint grâce à une conduite