Langue
À nominations partisanes, constats et avis partisans.
Charles Castonguay
L’Aut’Journal
jeudi 7 janvier 2010
--------------------------------------------------------------------------------
« Le cégep ne change rien » selon Conrad Ouellon, président du Conseil supérieur de la langue française. Dans La Presse du 15 décembre, il prétend invalider deux arguments qui plaident en faveur d’étendre la loi 101 aux études collégiales. Ainsi, à son avis, le fait pour les immigrants de fréquenter un cégep anglais ne favoriserait ni leur usage de l’anglais comme langue de travail, ni leur assimilation à l’anglais comme langue d’usage au foyer.
Une position qui va à ce point à l’encontre du bon sens a besoin de s’appuyer sur du solide. Ouellon se fonde sur La fréquentation du cégep et l’usage des langues dans la vie privée et la vie publique, mini-étude de Paul Béland, chercheur principal au CSLF. Béland fait semblant de neutraliser les deux mêmes arguments au moyen du recensement de 2001. Or, le recensement peut nous renseigner sur le nombre d’années qu’une personne a terminées dans un cégep, mais il ne précise pas s’il s’agit d’études dans un cégep anglais ou français.
Qu’importe. Béland examine la langue d’usage des allophones au travail et au foyer selon qu’ils ont fréquenté ou non le cégep et selon leur origine, c’est-à-dire selon qu’ils sont francotropes et naturellement portés vers le français en raison de leur langue maternelle (l’espagnol, par exemple) ou de leur pays de provenance (Haïti, Maroc, etc.), ou anglotropes et portés pour des raisons analogues vers l’anglais.
Il constate que pour les anglotropes, l’usage de l’anglais au travail et à la maison est du même ordre, qu’ils aient fréquenté ou non le cégep. Il constate la même chose quant aux francotropes. Il conclut que ce n’est pas la fréquentation du cégep mais l’origine, anglotrope ou francotrope, des allophones qui influe sur leur