Langage des jeunes
Il s’impose de préciser que le langage dont il est question dans cet article n’est pas parlé par tous les jeunes des cités mais seulement pas certains d’entre eux qui sont en général ceux qui arrêtent très tôt les études ou se trouvent en échec scolaire. Les jeunes qui cherchent à s’intégrer à la société, à adopter les normes de la culture dominante, parlent en général assez peu le langage dont il à été question ici. Et lorsqu’ils parlent, ils ne refusent pas l’appropriation que la culture dominante peu en faire. Au contraire, ils essayent de voir une complémentarité entre les langages. Cela montre que ces jeunes perçoivent ce langage comme l’expression d’une sous-culture.
Les jeunes qui ont des problèmes avec la justice et rejettent le système scolaire et la société dans son ensemble cherchent à préserver « leur » langage, quitte à le faire évaluer dès lors qu’il est parlé ailleurs qu’à l’intérieur de leur cadre de vie.
Sous-culture d’un côté, contre-culture de l’autre, il semblerait finalement que tout soit une question d’intégration au sens durkheimien du terme. Ceux qui parlent ce langage tout en refusant d’intérioriser les normes et valeurs dominantes prétextent d’une contre-culture.
Une enquête réalisée en mars 1997 auprès des élèves de première ES du lycée Le-Corbusier d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) permet d’aboutir aux mêmes conclusions. Cette enquête a été réalisée une fois que les élèves avaient assimilé les notions de sous-culture et de contre-culture. Il apparaissait que vingt des vingt-deux élèves interrogés prétendaient parler plus ou moins le langage dont il est question, défini par les trois caractéristiques suivantes :
- Utilisation massive du verlan (y compris des mots en verlan à leur tour verlanisés)
- Utilisation de mots d’argot ;
- Utilisation d’expression sublimant la violence.
Parmi les vingt élèves (ayant