Lamartine meditations poétiques
1954 mots
8 pages
Cette adéquation entre unité syntaxique et unité métrique semble renforcer l'idée selon laquelle "la phrase est le plus petit énoncé offrant un sens complet" (Deloffre, 1979: 15), la relative qui sert systématiquement de clôture et de clausule aux périodes des deux premiers quatrains (cf. "Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds." et "Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.") accentuant le sentiment de complétude.
Or dans la perspective de Kintsch associée à l'analyse casuelle issue de Tesnière, il apparaît que les deux verbes conjugués scindent la période en deux propositions ainsi formalisées :
- ASSEOIR (je /ergatif/; montagne + chêne /locatif spatial/; coucher du soleil /locatif temporel/);
- CONTEMPLER (je /ergatif/; plaine /accusatif/ (tableau changeant /attributif/)) Cette approche représentationnaliste gagne certes à être complétée par la remarque pragmatique selon laquelle l'emploi de la première personne instaure un pacte autobiographique sur le ton de la confidence, en concordance avec l'emploi du présent d'habitude et narratif - on note qu'à sa place l'emploi de l'imparfait eût introduit le monde du souvenir, ici absent. Si bien que l'article défini de LA montagne, de LA plaine, DU vieux chêne, auquel répondra in fine LA feuille des bois, LA feuille flétrie à laquelle s'identifie le locuteur sur un registre pathétique, apparaît comme un déictique renvoyant à des éléments du monde sensible (végétal) que le lecteur est censé connaître, ce qui instaure une complicité avec le poète dans son expérience du réel. Les accents lyriques se teintent d'une intention intimiste et mélancolique avec l'adverbe "tristement" qui intériorise la scène visuelle. la dominance quantitiative du domaine //nature//, structuré en antonymes : 'plaine' vs 'montagne' + 'chêne' (dans une noble unité puisqu'il s'agit de "ces monts couronnés de bois sombres"), 'soleil' vs 'ombre', 'mes pieds' (allusion au vagabondage du "voyageur") vs 'mes regards';
- le domaine //art//