Laicité scolaire
« Spécificité de la laïcité scolaire.
La construction du concept de laïcité scolaire suppose qu’on s’efforce de répondre à la question ; pourquoi l’école devrait-elle être soustraite à la société civile ? (…)
Voyons d’abord les raisons juridiques. La première, c’est que l’école est obligatoire.
Or les élèves qui fréquentent l’école publique n’ont pas choisi leurs camarades, et c’est d’ailleurs à ce titre que l’école est un lieu d’intégration et d’égalité. Tolérer une manifestation religieuse de la part des uns, c’est l’imposer aux autres qui ne peuvent s’y soustraire. Quand quelqu’un arbore dans la rue ou dans le métro un signe religieux que je désavoue, cela ne peut me gêner en aucune manière : personne ne m’oblige à rester là. Mais les élèves sont astreints à la coprésence ; ou alors il faudrait mettre ensemble ceux qui portent une croix et les séparer, faire la même chose avec ceux qui portent une kippa, avec celles qui portent un voile, etc.
Outre qu’on n’en aurait jamais fini, outre que cela reviendrait à rejeter totalement celui qui n’affiche aucune croyance, cela porte un nom : la ségrégation. Ce serait transformer l’école publique en une multitude d’écoles privées particularistes, fondées sur le principe de la séparation entre les communautés. Donc, pour que personne ne puisse se plaindre d’avoir été contraint de subir une manifestation qu’il désapprouve, et pour qu’il n’y ait aucune ségrégation, il faut interdire le port des signes d’appartenance politique et religieuse à l’école publique. La seconde raison juridique et que les élèves, pour la plupart sont des mineurs, et que leur jugement n’est pas formé. Ceux qui prétendent qu’ils doivent bénéficier de la liberté dont jouissent les citoyens avancent une monstruosité. Ils supposent en effet que les élèves disposent d’une autonomie qu’ils n’ont pas encore conquise : on devrait donc leur assener le poids de la