La sagesse et l'accouchement
505 mots
3 pages
« SOCRATE : En ce qui concerne mon art de l’accouchement, il a pour l’essentiel les mêmes caractères que celui des sages-femmes, mais il s’en distingue en ceci qu’il s’agit d’accoucher des hommes, et non des femmes, et qu’il convient d’examiner, dans leur enfantement, non des corps, mais des âmes. Mais ce qu’il y a de plus important dans notre art, c’est qu’il est capable d’éprouver complètement si la pensée du jeune homme enfante quelque chose d’apparent et de trompeur, ou bien quelque chose de bon aloi et de vrai. Car il en va pour moi comme pour les accoucheuses : je ne suis pas capable d‘enfanter la sagesse, et le reproche que m’ont fait bien des gens, en disant que j’interroge les autres, mais que je ne m’explique en rien, et sur rien, parce que je n’ai rien de sage, est un reproche justifié.
…afficher plus de contenu…
Je ne suis donc en rien sage, et je ne possède aucune découverte qui soit telle, et qui soit le fruit de mon âme. Quant à ceux qui me fréquentent, au début, certains semblent même tout à fait ignorants ; mais tous, au fur et à mesure que cette fréquentation progresse, lorsque le dieu le leur accorde, il est étonnant de voir combien ils ont l’air d’avancer, selon leur avis et selon l’avis des autres. Il est pourtant clair qu’ils n’ont jamais rien appris de moi, mais que c’est d’eux-mêmes qu’ils ont trouvé et enfanté bien des belles choses. De cet accouchement, c’est le dieu, et moi, qui sommes