La lettre ouverte - j'accuse
-> Étudier un exemple de rhétorique judiciaire
-> Étudier l’engagement d’un écrivain en temps de crise
ZOLA ET GOLIATH. (Life, New-York). Ah ! tout ce qui s’est agité là de démence et de sottise, des imaginations folles, des pratiques de basse police, des mœurs d’inquisition et de tyrannie, le bon plaisir de quelques galonnés mettant leurs bottes sur la nation, …afficher plus de contenu…
Je dis que cela est un crime de plus et que ce crime soulèvera la conscience universelle. Décidément, les tribunaux militaires se font une singulière idée de la justice. Telle est donc la simple vérité, monsieur le Président, et elle est effroyable, elle restera pour votre présidence une souillure. Je me doute bien que vous n’avez aucun pouvoir en cette affaire, que vous êtes le prisonnier de la Constitution et de votre entourage. Vous n’en avez pas moins un devoir d’homme, auquel vous songerez, et que vous remplirez. Ce n’est pas, d’ailleurs, que je désespère le moins du monde du triomphe. Je le répète avec une certitude plus véhémente : la vérité est en marche, et rien ne …afficher plus de contenu…
L’auteur se place sur le terrain moral. Le lexique qu’il emploie renvoie aux valeurs dont il se veut le porteur. Il se présente comme le défenseur de la « vérité » et de la « justice » (l. 4), termes repris à la ligne 18. Dans le dernier paragraphe, Zola se fait le porte-parole de la vérité : « telle est donc la simple vérité » (l. 51), « la vérité est en marche » (l. 56-57). Ces valeurs sont exprimées avec éloquence. C’est animé par ce devoir moral qu’il en appelle non pas à la fonction présidentielle mais à « [son]devoir d’homme »