la vision du monde
Introduction
Dans ce long roman dont le style novateur fut salué à sa sortie par la critique, Céline1, (18941961) retrace l’histoire, bien sombre, comme l’indique le titre , du début du XXème siècle. Son héros, Bardamu, d’abord engagé dans la guerre 14-18, va ensuite connaître l’Afrique coloniale puis l’Amérique du Taylorisme pour finalement échouer en tant que médecin dans une banlieue pauvre, comme l’auteur. Ce dernier s’égara pendant la seconde guerre mondiale dans un antisémitisme violent qui lui valut d’échapper de peu au peloton d’exécution à la libération.
Après la lecture les élèves ont l’impression que le texte est dégoûtant, choquant. L’étude va s’attacher à démonter les raisons pour lesquelles le lecteur est si touché.
1- Des choix d’écriture particuliers.
a. Le narrateur est le personnage, « Je ».
Le récit est donc fait en point de vue interne. Nous avons le ressenti de Bardamu qui mène une narration au passé-simple et à l’imparfait : « Sa mère m’entrouvrit(…) . Elle chuchotait (…). Le narrateur communique donc au lecteur ses impressions visuelles, auditives et olfactives :
« …m’habituer à la pénombre du couloir, à l’odeur des poireaux (…), à sa voix d’étranglée. » l.9.
D’où un effet de proximité et de réel pour le lecteur qui s’intensifie quand le texte passe au passé composé : « Du coup, je lui ai fourni sa plus belle réplique(…) » l.30.
b. Une syntaxe orale.
Dans une langue écrite très maîtrisée et très soutenue ( voir l’imparfait du subjonctif l.20« précisassent » - ou le vocabulaire : « limbes » etc.) , l’auteur glisse à dessein des phrases qui imitent la construction des phrases orales :
-Des phrases où l’on redouble le mot important, le sujet ou le C.O.D.
Quelques exemples : l.2 « Elle chuchotait la mère (…) »- l.11 « …nous parvînmes auprès du lit de la fille, prostrée, la malade … »- l.27 : « …elle s’en foutait elle… »- l.33 « Je m’assis donc et