La vie devantsoi
M. Hamil est d’origine algérienne (« Monsieur Hamil nous vient d’Alger où il a été il y a trente ans en pèlerinage à la Mecque » (Chapitre 4, p. 41). Ancien marchand de tapis, il est désormais à la retraite et passe la plupart du temps dans le café de M. Driss, en bas de l’immeuble où habite Momo. Il a été amoureux d’une jeune femme, Djamila, dont il craint d’oublier le souvenir (chapitre 1). C’est de fait ce qui arrive dans la suite du roman : sous l’effet de l’âge, (il a plus de 85 ans, cf chapitre 17, p.138), il finit par ne plus se préoccuper que de ce qui lui est donné à manger : « J’ai eu un bon couscous hier à manger et aujourd’hui à midi j’aurai du riz avec du bouillon. » (Chapitre 31, p.267). Le regard du personnage est là encore essentiel : « Il a de beaux yeux qui font du bien autour de lui » (chapitre 1, p. 10). M. Hamil représente une certaine forme de sagesse. Il apprend à Momo comment écrire l’arabe, il lui fait lire le Coran et lui parle des saints musulmans : Sidi Abderrahmân, et Sidi Ouali Dada (Chapitre 4, p. 41). L’autre référence du personnage, c’est Victor Hugo, et en vieillissant il en arrive à confondre les œuvres du poète avec le Coran : «Il avait toujours son livre de Victor Hugo sous la main, mais il était confusé et croyait que c’était le Koran, car il avait les deux. Il les connaissait par cœur en petits bouts, et il parlait comme on respire mais en faisant des mélanges» (Chapitre 12 p. 106). Même confusion au début du chapitre 17 : le poème de Victor Hugo que M. Hamil destine à Mme Rosa est en fait un texte religieux : « Ça commençait par soubhân ad daîm lâ iazoul, ce qui veut dire que seul l’éternel ne finit jamais» (p. 138). A la fin du roman, M. Hamil confond Momo avec le poète lui-même. Il ne cesse de l’appeler Victor. De fait, le narrateur au fil de l’œuvre affirme de plus en plus sa volonté de ressembler à l’écrivain :
« Non, ce que j’aimerais, c’est d’être un mec comme Victor Hugo. Monsieur Hamil dit qu’on