La théorie des ressources et des connaissances
La vision contractuelle ignore pour l’essentiel la dynamique productive. Si le lien entre les compétences et la rente organisationnelle est reconnu, la problématique reste fondée sur une conception statique et adaptative de l’efficience. La valeur est maximisée à un instant donné, l’ensemble des opportunités d’investissement exogène est supposé connu au moins par les dirigeants et le choix des investissements se fait selon l’analogie du choix au sein d’un menu. Le problème principal reste la mise en place d’une répartition de la rente suffisamment incitative pour maximiser la création de valeur. Le processus proprement dit de création de valeur n’est pas étudié.
Pour appréhender ce processus, il est nécessaire de faire appel aux théories cognitives de la firme. Contrairement aux théories contractuelles, qui peuvent s’interpréter comme des prolongements du modèle économique néoclassique, ces théories, qui comprennent différents courants : la théorie comportementale de la firme, la théorie évolutionniste, les théories de l’apprentissage organisationnel et les théories des ressources et des compétences, rompent radicalement avec ce dernier. Elles rejettent, en particulier, l’hypothèse de rationalité calculatoire, limitée ou non, au profit de celle de rationalité procédurale. La rationalité s’apprécie sur la base, non plus des conséquences des décisions, mais des processus décisionnels. Les théories cognitives reposent sur une vision radicalement différente du processus de création de valeur dans la mesure où elles conduisent à accorder une importance centrale à la construction des compétences et aux capacités des firmes à innover, à créer leurs opportunités d’investissement et à modifier leur environnement. Comme le précisent Langlois et Foss (1999), les théories contractuelles en accordant un intérêt quasiment exclusif aux conflits d’intérêts, à l’appropriation des rentes, ignorent la dimension