La sécurité et la dépendance
Il s’agit de deux revendications politiques que nous avons : nous demandons de vivre en sécurité et de ne pas risquer nos biens et notre vie à tout moment, et nous souhaitons également vivre libres. Or, il semblerait que le vie en sécurité suppose une forme de dépendance. En effet, il faut bien qu’une personne ou qu’un groupe de personnes me garantisse ainsi ma sécurité. Ici, vous pouvez penser aux analyses de Hobbes dans le Léviathan. Hobbes montre que dans l’état de nature, en dehors de tout pouvoir commun, les hommes vivent dans un état de guerre de tous contre tous et de chacun contre chacun. A tout moment, ils encourent le risque de mourir d’une mort violente ou de se faire dérober leurs biens. Afin que la vie soit possible en dehors de cet état de guerre, les hommes font un contrat dans lequel ils abandonnent leur pouvoir à une personne ou une assemblée qui garantit alors la sécurité et la paix. La sécurité semble donc pouvoir être acquise au prix d’une dépendance. En effet, le souverain est ainsi celui qui détient tout pouvoir. Le contrat va donc consister en un pacte de soumission dans lequel chacun abandonne son pouvoir et sa force à un pouvoir commun incarné par une personne ou une assemblée qui garantit la paix et la sécurité : chacun passe un accord avec chacun pour que chacun abandonne son droit naturel (la force qu’il a à l’état de nature), afin qu’il ne constitue plus un danger pour l’autre, et qu’il remette ce droit (ou sa force) à un pouvoir qui disposera alors de tous les droits et de toute la force commune pour assurer la paix. Ce pacte de soumission est par là même un pacte d’association ; en effet, dans l’état de nature il n’y a que des individus et pas de société (chacun contracte avec chacun) ; mais la soumission de chacun à un pouvoir commun force chacun à s’entendre réellement avec l’autre : ce pouvoir possède la force nécessaire pour obliger les contractants à respecter leurs engagements ; car on ne peut pas se