la statut de sel
La Statue de sel
Le romancier Albert Memmi a retracé dans le roman La
Statue de sel (1953) son enfance dans son pays de naissance, la Tunisie.
Il décrit en particulier sa difficulté à se forger son identité propre, lui qui ne se retrouvait ni dans le judaïsme de sa communauté, ni dans les valeurs occidentales qu’on lui inculque à l’école.
L’identité malmenée du petit Benillouche
« Le héros, Alexandre Mordekhaï Benillouche, Juif tunisois pauvre, découvre tour à tour l'école, la sexualité, la peur, la solidarité. Apparenté à un roman à thèse, ce livre s'ouvre sur l'impasse
Tarfoune, la hara, le quartier juif et finit par l'exil volontaire et presque fortuit. Entre les deux, le héros n'arrive à s'ancrer ni dans sa famille et sa communauté, trop dévalorisées par référence au fascinant rationalisme occidental appris à l'école française, ni dans ce rationalisme même, mis à rude épreuve par les intérêts sordides et les compromissions historiques de l'Occident qui n'est idéal que dans les livres, ni enfin à la jeune nation en devenir qu'est cette Tunisie dont il se sent l'enfant et à laquelle il sait intuitivement qu'il ne pourra pas s'intégrer. »
Afifa Marzouki, extrait de La Littérature maghrébine de langue française, ouvrage collectif sous la direction de Charles Bonn, Naget Khadda & Abdallah Mdarhri-Alaoui, Paris,
Edicef-Aupelf, 1996.
La guerre « subitement présente »
« Pour sortir de moi-même, ai-je dit, j’essayais d’aller vers le monde. Je n’eus pas à faire de gros efforts. Le monde brusquement faisait irruption dans ma vie, m’entraînait avec une telle violence que je ne compris pas ce qui m’arrivait. La guerre, si lointaine, si longtemps inoffensive que nous nous y étions habitués, se faisait subitement présente, explosait dans le mur. »
« Nous eûmes nos victimes, exécutées pour punition, erreur ou plaisanterie, nos femmes violées, nos demeures pillées. »
« D’ailleurs, cette guerre n’avait