La société de consommation
L'ouvrage de Jean Baudrillard La société de consommation (1970) est une critique de la société de consommation. Sa thèse est forte : loin d'assurer la liberté et le bonheur des individus, la société de consommation les enferme dans des rapports de domination complémentaires de ceux qui existent toujours dans la production.
I – Le statut de l'objet
La profusion semble avoir remplacé la rareté. Le trait descriptif le plus évident de notre société est la profusion des biens et des services destinés à la consommation. Cette profusion est à l'origine d'un changement de mentalité : à la crainte multimillénaire du manque s'est substituée l'évidence du surplus, la négation définitive de la rareté.
La consommation est vécue comme un miracle. Les objets perdent tout lien avec le processus de fabrication donc ils sont issus. Entreprises et consommateurs veulent occulter la rareté et le travail nécessaire pour accorder aux objets une place quasi magique. L'objet est magnifié.
Le gaspillage est le moteur de notre économie : toutes les sociétés gaspillent une partie de leurs richesses mais la société de consommation fait du gaspillage le moteur de l'activité économique. La multiplication des emballages, l'obsolescence programmée, la médiocre qualité des produits ont pour fonction d'entretenir la croissance de la consommation. Ce qui est produit aujourd’hui ne l'est pas en fonction de sa valeur d'usage ou de sa durée possible mais, au contraire, en fonction de sa mort. La publicité permet d'accélérer le renouvellement des objets et participe de cette logique de gaspillage.
II – La théorie de la consommation
Le bonheur est la valeur centrale de la société de consommation. Le bonheur est dans les sociétés modernes la finalité ultime de l'action des individus. Ce sentiment étant insaisissable, ceux-ci évaluent leur réussite dans ce domaine à la quantité de signes qu'ils peuvent se procurer : la recherche du bonheur s'incarne dans