La révolution agricole
L'expression « révolution industrielle » est aujourd'hui récusée par les historiens, qui lui préfèrent les termes « décollage » ou « take off » et insistent à la fois sur le caractère progressif de l'industrialisation, sur l'enracinement du phénomène dans des structures agraires et sur l'existence d'une phase précédant l'industrialisation proprement dite, la « proto-industrialisation ».
La première révolution industrielle
La proto-industrialisation
Le XVIIIe s. est favorable aux productions rurales, grâce à l'expansion des marchés et à l'effritement des privilèges qui jusque-là protégeaient les corporations urbaines. Il existe plusieurs types de répartition des tâches et des responsabilités entre ville et campagne (la ville se chargeant toujours de la finition des vêtements et disposant de la maîtrise des capitaux) : elles sont soit nettement rassemblées sous la tutelle urbaine (système des « marchands-fabricants »), soit organisées triangulairement (entre marchands des villes, maîtres tisserands des bourgs et familles paysannes travaillant à domicile). Ces « nébuleuses » proto-industrielles existent un peu partout en Europe et travaillent chacune pour un marché précis : le lin des Flandres et de la Bretagne du Nord pour les Caraïbes et l'Amérique du Sud, la laine languedocienne pour les pays méditerranéens. Le système a d'ailleurs continué de prospérer au XIXe s., comme le montrent, côté français, la ruralisation des activités de la soierie lyonnaise à partir de 1820-1830 et le maintien de dizaines de milliers d'ouvrières à domicile dans les campagnes du Calvados (dentellerie), de la région de Saint-Étienne (bonneterie), ou du Nord (filature du lin) jusque vers 1900.
Les facteurs déterminants
L'industrialisation est le résultat d'une interaction entre différents facteurs : la croissance démographique de l'Europe à partir du XVIIIe s., les progrès de l'agriculture grâce à la généralisation des cultures fourragères, qui