La rédaction d'antonio skarmeta
'La rédaction' d'Antonio Skarmeta
Lignes 7 à 22 :
'il lui fit de la main le geste de se taire parce qu'il voulait écouter la radio. Au cours des derniers mois, les rues de Santiago s'étaient remplies de militaires. Pedro avait remarqué que tous les soirs son papa s'asseyait dans son fauteuil favori, sortait l'antenne de son appareil vert et écoutait attentivement des nouvelles qui arrivaient de très loin. Parfois venaient des amis de son père qui fumaient comme des cheminées et qui, après, s'étendaient sur le sol et approchaient leur oreille du récepteur comme si on allait leur distribuer des friandises par les trous.Pedro demanda à sa mère :
« Pourquoi écoutent-ils toujours cette radio pleine de bruits ?
- Parce que ce qu'elle dit est intéressant.
- Qu'est-ce qu'elle dit ?
- Des choses sur nous, sur notre pays.
- Quelles choses ?
- Ce qui se passe.
- Et pourquoi on l'entend si mal ?
- Parce que la voix vient de très loin. »'
lignes 60 à 75 :
« Pourquoi ils l'ont emmené ? », demanda-t-il.
- Mon papa est de gauche, dit Daniel en enfonçant les mains dans ses poches et en serrant les clés dans son poing.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Qu'il est antifasciste. »
Pedro avait entendu ce mot-là les soirs où son père avait l'oreille collée à la radio verte, mais il ne savait pas encore ce qu'il signifiait et, en plus, il avait du mal à le prononcer. Le « f » et le « s » lui dansaient sur la langue et en les prononçant, un son plein d'air et de salive lui sortait de la bouche.
-Ca veut dire quoi anti-fa-ciste ?demanda-t-il.
Son ami regarda la rue vide à présent et lui dit comme un secret:
-C'est quand on veut que le pays soit libre.Que Pinochet s'en aille.
-Et c'est pour ça qu'on les met en prison?
-Je croit
-Qu'est ce que tu va faire ?
-Je sais