La religion, notion et definition
Les enjeux de la notion – une première définition Débutons en précisant que ce qui est notre thème ici c’est la religion en tant que fait psychologique, culturel, social. Il ne s’agit donc pas d’étudier comment que les philosophes se sont représentés le divin, les dieux ou Dieu, ou comment ils ont essayé d’en prouver l’existence. Il faut de plus avouer que cette tâche serait démesurée tant cette question a occupé la philosophie depuis ses origines. Même si l’on ne souscrit pas à la thèse de Heidegger selon laquelle toute la métaphysique est une onto-théologie, c’est-à-dire à la fois une ontologie (science de l’être en tant qu’être) et une théologie, on ne doit pas moins reconnaître que cette dernière a très fortement imprégné et même dirigé la pensée philosophique. Le Moyen-Âge est à ce titre particulièrement significatif. Mais il faut bien comprendre que si Dieu est posé comme principe premier de toutes les choses et fondement de la rationalité, il est très difficile d’interroger la religion comme un fait culturel car cela suppose une certaine forme d’autonomie du savoir à l’égard du fait religieux (autonomie à la formation de laquelle la science n’aura pas peu contribué). Tout au plus alors peut-on proposer une étude comparative et une histoire des religions dans lesquelles le christianisme n’est pas lui-même objet de l’étude mais la norme à l’aune de laquelle on mesure le degré de « perfection » des autres religions ; si l’on suppose que toutes les âmes humaines ont reçu un germe de la révélation, on se demandera alors comment celui-ci s’est développé ou comment au contraire il s’est corrompu (avec le polythéisme notamment). Quoi qu’il en soit on est encore bien loin de penser le fait religieux d’un point de vue extra-religieux (ce qui, faut-il le préciser, ne signifie aucunement anti-religieux). On peut penser que l’étude proprement scientifique, philosophique ou anthropologique naît au 18ème siècle, notamment avec Vico, Montesquieu,