La reine de beauté
Devoir de contrôle N° 1
Année : 2010-2011 Niveau : 2eme année Durée : 2 heures
TEXTE :
Je tentais de reconnaître mon pardessus parmi ceux qui encombraient* l’entrée quand j’entendis pour la première fois sa voix. « Vous partez déjà ? » La phrase était banale et pourtant un frisson étrange me parcourut le dos, comme si cette voix eût été pourvue d’organes tactiles* que j’aurais senti courir sur ma colonne vertébrale. Je me tournai et fus frappé par sa beauté. Elle me parut d’abord très grande, puis je vis que cette impression tenait surtout à la longueur de ses jambes, moulées dans un pantalon de velours noir .Ses épaules étaient larges mais sa silhouette n’avait rien de masculin, bien au contraire. Je remarquai également que ses longues mains brunes aux ongles légèrement recourbés ne portaient aucune bague. On s’étonnera certainement que mon tempérament misogyne* m’ait laissé tant de facultés d’observation et je ne tenterais pas de l’expliquer, sauf en disant que j’étais certainement déjà amoureux sans le savoir et que, d’instinct, je m’étais assuré que l’objet de ma flamme* ne portait pas d’alliance .Ce dont je me croyais le plus à l’abri m’advenait* brusquement avec la brutalité qui le caractérise : J’étais victime du coup de foudre et je ne me défendais pas. Je regardais avidement* le visage extraordinaire de l’inconnue, sa peau brune et mate, sa bouche sinueuse et surtout ses yeux noirs, brillants, au regard tellement scrutateur* que j’aurais dû en être gêné, mais j’y voyais une preuve d’intérêt flatteur et mon cœur battait follement. J’étais là, stupidement figé*, comme hypnotisé* et j’aurais soudain voulu savoir, tout ensemble, réciter des vers, jouer de la guitare ou, au moins, prendre un air intelligent ; je sentais bien hélas ! Que c’était exactement l’inverse et je me désespérais déjà à l’idée d’être éconduit* sans avoir osé parler. Pourtant elle me sourit d’un sourire étrange, mince et malicieux