La question éthique
LA QUESTION ETHIQUE
Ma réflexion s’organise autour de la problématique suivante : dans quelle mesure l’éthique permet à l’individu de retrouver une liberté face aux exigences morales ? Je commencerai par une définition générale des deux termes, afin de voir à quel moment ils se rejoignent, et à quel moment ils se distinguent.
Le mot éthique vient du grec « ethos», qui signifie lieu de vie ; habitude, mœurs ; caractère, état de l'âme. Les grecs pensent l’éthique comme une qualité morale, en lien avec l’acte. Elle sous tend une connotation spirituelle, l’action est « estimée bonne ». Le mot moral, du latin « moralitas », signifie lui comportement approprié. Danilo Martuccelli en propose une définition dans De la morale à l’éthique : le nouvel horizon des relations entre les générations (page 37) : « Nous entendrons par morale, comme il est parfois convenu de le faire, un héritage normatif déontologique, basé notamment sur le caractère d’obligation de la norme, jugée universelle, s’imposant à nous de l’extérieur ». La logique est différente, car ici la connotation est matérielle, pratique, et possède donc un caractère obligatoire, marqué par la norme. La morale régie le comportement d’une société, par un ensemble de règles, quand l’éthique concerne plus particulièrement l’individu, et son questionnement sur ses actes.
On peut reconnaître dans la distinction entre visée de la vie bonne et obéissance aux normes l'opposition entre deux héritages : l'héritage aristotélicien, où l'éthique est caractérisée par sa perspective téléologique (de telos, signifiant « fin ») ; et un héritage kantien, où la morale est définie par le caractère d'obligation de la norme, donc par un point de vue déontologique (déontologique signifiant précisément « devoir »).
Si nous nous intéressons à l’éthique, il semble en exister différentes formes, qui se distinguent par leurs degrés de généralité. Comme le dit Eric Delassus