La prise de notes peut-elle detourner d'une bonne
Rien n'est si facile et si commun que de se duper soi-même quand on ne manque pas d'esprit et quand on connaît bien toutes les finesses de la langue. C'est une reine prostituée qui descend et s'élève à tous les rôles, qui se déguise, se pare, se dissimule et s'efface; c'est une plaideuse qui a réponse à tout, qui a toujours tout prévu, et qui prend mille formes pour avoir raison. Le plus honnête des hommes est celui qui pense et qui agit le mieux, mais le plus puissant est celui qui sait le mieux écrire et parler G. Sand, Indiana
Dans une expérience précédente, insérée dans l'étude des mécanismes qui interagissent au cours du processus de l'interprétation consécutive, Gile (1991a) a évalué la qualité de l'écoute dans un groupe expérimental (avec prise de notes) et dans un groupe témoin (sans prise de notes) par le biais d'un indicateur très spécifique: la rétention-restitution des noms propres. Cette expérience était la bienvenue, puisque "à notre connaissance, aucune étude n'a été entreprise jusqu'à présent pour évaluer l'incidence réelle de la prise de notes sur l'efficacité de l'écoute" (1991a: 432); or, à notre connaissance à nous, depuis 1991 aucune autre étude n'a suivi celle de Gile, comme le confirme implicitement Lambert:
As to whether an individual processes information better by just listening than by listening and note-taking is another point which needs to be examined more closely (Ilg & Lambert 1996: 85).
Pour ce qui est de la rétention-restitution des noms propres, la conclusion à laquelle parvient l'auteur est assez tranchante:
[...] la consommation d'attention par la prise de notes lors de l'interprétation constitue une menace pour la qualité de l'écoute[...]. (Gile 1991a: 434)
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Anna Giambagli
Les étudiants en début d'apprentissage de l'interprétation, consécutive notamment, sont