La premiere guerre mondiale
Consigne : A l’aide de ces deux documents, vous montrerez que la « guerre totale » et sa dimension industrielle ont un impact sur l’expérience combattante et sur la deshumanisation des soldats. DOCUMENTS Deux écrivains-soldats livrent leur expérience du front. DOCUMENT 1 Témoignage d’un écrivain-soldat « Il faut nettoyer ça. Je revendique alors l’honneur de toucher un couteau à cran. On en distribue une dizaine et quelques grosses bombes à la mélinite. Me voici l’eustache à la main. C’est à ça qu’aboutit toute cette immense machine de guerre. Des femmes se crèvent dans les usines. Un peuple d’ouvriers trime à outrance au fond des mines. La merveilleuse activité humaine est prise à tribut. La richesse d’un travail intensif. L’expérience de plusieurs civilisations. Sur toute la surface de la terre, on ne travaille que pour moi. […]. La foule des grandes villes se rue au ciné et s’arrache les journaux. Au fond des campagnes, les paysans sèment et récoltent. Des âmes prient. Des chirurgiens opèrent. Des financiers s’enrichissent. Des marraines écrivent des lettres. Mille millions d’individus m’ont consacré l’activité d’un jour, leur force, leur talent, leur science, leur intelligence, leurs habitudes, leurs sentiments, leur cœur. Et voila qu’aujourd’hui j’ai le couteau à la main. « Vive l’humanité ! ». Je palpe une froide vérité sommée d’une lame tranchante. J’ai raison. Mon jeune passé sportif saura suffire. Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J’ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute une machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver l’homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. A nous deux maintenant. A coups de poing, à coups de couteau. Sans merci. Je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée.