C'est sous Napoléon que naît la police moderne, celle des régimes totalitaires du XXe siècle. N'exagérons pas. Fouché n'était ni Himmler ni Beria. Il n'eut jamais à sa disposition une force comparable aux SS d'Himmler ou au NKVD de Beria, véritables États dans l’État. Il ne commanda qu'à une gendarmerie plutôt débonnaire dont les effectifs furent constamment amoindris par les prélèvements opérés pour renforcer les armées. Et encore Fouché dut-il partager son autorité avec le ministre de la Guerre et celui de la Justice. Certes, il disposait d'espions en tous genres, mais ils étaient pour la plupart de simples mouchards. Pas de camps de concentration relevant de Fouché : ni l'Auschwitz d'Himmler ni le Goulag de Beria, seulement quelques rafles de vagabonds qui seront envoyés travailler sur les routes de l'Empire. Pourtant, avec Fouché, ministre de la Police générale de Napoléon, un un pouvoir redouté, ignoré de l'Ancien Régime. Le chevalier du guet a vite été moqué et les lieutenants généraux ont rarement fait peur. Tout changea sous Fouché : on parle désormais de la police en baissant la voix. Étude des indices, utilisation de fichiers de police, surveillance des logeurs : la police moderne était née. L'Empire tombé, la fascination resta.
Incontestablement, le régime napoléonien était un régime policier, si policier même qu'il entraîna « une guerre des polices » Fouché dû vite compter en effet avec son subordonné, le préfet de police Dubois, qui envisageait de le supplanter et essaie de le prendre en défaut dans diverses conspirations. Intervinrent également Moncey, qui dirigeait la gendarmerie, Duroc, en charge de la sécurité des Tuileries, Savary qui, avant de remplacer Fouché à la tête du ministère de la Police, commandait la gendarmerie d'élite, chargée de la protection de Napoléon... L'Empereur était également renseigné par des informateurs comme Mme de Genlis ou Fiévée. C'est sur ces rivalités qu'il comptait pour limiter le pouvoir de son trop puissant