La pluralité des langues est-elle un obstacle à l'universalité de la pensée ?
La pluralité des langues n'a cessé d'interroger et d'intéresser les hommes : elle est vue par la religion chrétienne comme un châtiment infligé par Dieu aux hommes pour les punir de leur vanité. La pluralité des langues dans le monde aujourd'hui est un fait : on ne sait avec précision combien sont parlées, mais il pourrait y en avoir jusqu'à 6000 selon le Larousse. La linguistique (science qui étudie le langage et les langues) définit la notion de langue comme un système de signes arbitraires où la valeur de l'un ne résulte que de la présence simultanée des autres. C'est un ensemble institué de symboles verbaux ou écrits propres à une communauté humaine. La langue est également le produit social de la faculté du langage qui comprend un ensemble de conventions. Il y a une contradiction entre les termes « pluralité » et « universalité », qui par définition s'opposent. Cependant, ils s'appliquent à des notions différentes : pluralité s'applique aux langues, tandis qu'universalité s'applique au terme de pensée. La pensée est l'ensemble des phénomènes produits par l'action de l'esprit. Selon Descartes, elle distingue l'homme de l'animal et est donc spécifique au genre humain. Pluralité et universalité ne sont donc pas forcément contradictoires. Peut-il y avoir malgré la pluralité des langues une pensée universelle ? Une pensée universelle pourrait-elle passer outre la pluralité des langues ? S'interroger sur cette question, c'est plus précisément s'interroger sur le rapport entre la pensée et la langue. Il y a sur cette question deux positions philosophiques : selon la première, la langue traduit, extériorise la pensée qui existe déjà et qui est donc indépendante des mots ; selon la deuxième, la pensée ne peut exister sans les mots et en est donc dépendante. La linguistique a permis d'éclairer la question : elle a prouvé la nécessité de la langue pour la pensée. Cependant, elle n'a pas