La place de la philosophie dans un monde d'opposition socio-politique.
Dans un sens étendu et un peu vague, on nomme connaissance les résultats de toute opération intellectuelle : la connaissance de soi-même; la connaissance des lois de la nature et des vérités mathématiques. Mais, dans une acception plus restreinte et plus précise, ce nom ne s'applique qu'aux facultés qui produisent un tout achevé et complet, au jugement par exemple, qui, saisissant d'abord ou mettant un sujet en rapport avec un attribut, présente un ensemble d'idées se suffit à lui-même. La connaissance ainsi entendue diffère et de la simple appréhension et de la conception des vérités premières, non adéquate à son objet.
Le problème de la connaissance est un des plus difficiles parmi ceux que les philosophes ont à résoudre, et il présente ce caractère particulier que plus on l'a examiné de près, plus son importance s'est accrue. A peine entrevu par les premiers philosophes, il a envahi le champ de la philosophie : il finit même par se substituer au problème qui a été de tout temps l'objet essentiel de la philosophie, celui de l'Etre. C'est qu'en effet le dernier ne peut être résolu si déjà on ne s'est prononcé sur le premier; et on est très près d'avoir résolu le second quand on a sur le premier une opinion arrêtée. Dire que ce problème est résolu d'une manière définitive, ce serait dire que la philosophie est achevée. Il n'y a donc pas lieu d'en présenter ici une solution qui serait, quoi qu'on fasse, sujette à contestation. La mieux sera d'exposer, en ce qu'elles ont d'essentiel, les principales solutions proposées par les plus grands philosophes.
L'Etre et la pensée, la chose connue et ce qui connaît, l'objet et le sujet, paraissent à première vue comme deux choses distinctes, et même, à certains égards, opposées. Elles sont pourtant en rapport l'une avec l'autre : comment comprendre ce rapport? Comment comprendre que les choses, surtout les choses extérieures, si différentes de l'esprit, entrent cependant dans l'esprit, et