La piscine
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté
On commence la journée plein de vitalité, on met le maillot de bain, on s’habille, on prend la serviette et tout de suite on est dans la voiture, chantant, riant et prêt à déployer toute l’énergie dans l’eau et sur la pelouse. Mais après toutes les forces s’éteignent, un plaisir sédatif s’empare du corps. C’est comme si le soleil nous volait notre énergie pour briller. On se sent faible et arrive le moment où on dit à la troupe, avec un air de soumission, je me reposerais bien un peu, si ça ne vous dérange pas.
Et, à ce moment-là, le soleil nous a déjà emprisonné. On s’allonge sur la serviette, et la chaleur nous brûle la peau. C’est une caresse endormante, et on n’y oppose aucune résistance. Les muscules deviennent lâches. Chaque pore du corps vibre, chaque rayon du soleil fait des chatouilles, chaque rafale chaude masse tout le corps, de la tête aux pieds. De temps en temps, on doit se retourner, pour que tout le corps soit offert à l’astre des cieux. La caresse du soleil devient de plus en plus forte, mais on a déjà perdu toute volonté de se lever, de chercher un autre endroit, parce que le soleil nous a convaincu qu’il n’y a pas un meilleur endroit pour notre peau.
Peu à peu, les paupières se ferment, et on perd la notion de temps et d’espace. Elles s’ouvrent un peu encore, mais on ne peut rien distinguer, les yeux ne veulent rien voir. Donc, on se couvre les yeux avec un t-shirt, qui nous protège du soleil. Pourtant, on ne dort pas. On rêve sans dormir. Tous les problèmes s’en vont, le passé s’oublie, l’avenir n’arrive pas et on n’existe que dans le présent. On peut bien entendre la musique de l’eau et des plongées, le rire des enfants, les branches des arbres agitées par le vent, on peut entendre même le mouvement des nuages. Mais on n’écoute pas, on ne prête aucune attention. On ne pense pas, on sent.
On peut sentir la fraîcheur de l’herbe; de temps en temps on trompe le