La philosophie africaine
Le problème relatif à l’intérêt de la philosophie négro-africaine est d’une grande actualité si on regarde de près le continent africain en proie à d’énormes difficultés. Dans certains médias occidentaux, l’image de l’Afrique est uniquement celle des génocides, des conflits, des guerres tribales, des coups d’Etat récurrents, de carences démocratiques, des sécheresses, de famines quasi endémiques, de démographie galopante, des pandémies telles que le SIDA. Le bilan est sans doute négatif, car une telle caricature fait de l’Afrique le monopole de la pauvreté, des guerres et des violences, continent qui refuse sans doute le développement autrement dit le progrès et la civilisation. Une telle conception exclut l’Afrique du mouvement de l’Histoire et fait d’elle un continent sans destin, sans espoir « victime de lui-même, unique responsable de ses turpitudes et de sa faillite ».[1]
Que faire devant une telle déchéance prononcée sur le devenir[2] de l’Afrique? Deux attitudes s’offrent à nous, d’une part accepter ou se résigner et d’autre part refuser ou s’affirmer. C’est du côté de la seconde attitude que nous voudrons nous tourner en ce sens qu’elle fait recours au discours philosophique tourné vers l’action et la transformation des sociétés africaines. S’il est vrai que l’intérêt désigne ce qui est utile, avantageux et bénéfique, le discours philosophique apparaît alors comme une nécessité, c’est-à-dire ce donc on ne peut se passer pour comprendre le passé, vivre le présent, surmonter ses obstacles et entrevoir le futur. D’où son intérêt, dans la formation et l’éveil des consciences dans l’optique de la libération et du développement véritable de l’Afrique. Ainsi, nous pouvons dire du choix de notre thème qu’il n’est pas fantaisiste mais judicieux et concret, parce que le discours philosophique en tant que exigence de critique radical, d’éveil de conscience et d’initiative novatrice va au-delà des préjugés et des manipulations de toutes sortes