La peste
Les deux versions de « La Cigale et la Fourmi », e´crites par
Franc¸oise Sagan et Andre´e Chedid, sont lues en regard du texte de La Fontaine, que les e´le`ves connaissent vraisemblablement de´ja` . Un apport magistral permet de rappeler, a` propos du fabuliste du Grand Sie`cle, ce qui de´finit un e´crivain « classique » et de rappeler l’e´tymologie de ce mot :
— la prise en compte d’un texte source antique comme mode`le ; argument de la pe´rennite´ des oeuvres qui en indique la valeur litte´raire ;
— la re´criture des maıˆtres, distincte d’une imitation ste´rile
(c’est tout l’art du conteur La Fontaine dans ses fables the´aˆ tralise
´es ; on peut lire le texte d’E´ sope dont il s’inspire pour faire percevoir cette maıˆtrise du re´ cit).
Deux citations du Discours sur The´ophraste de La Bruye`re permettent d’introduire l’e´tude des re´critures propose´es par
Franc¸oise Sagan et Andre´e Chedid : « Les hommes n’ont point change´ selon le coeur et selon les passions, ils sont encore tels qu’ils e´taient alors » et « Les hommes n’ont point d’usages ni de
198 L’argumentation indirecte coutumes qui soient de tous les sie`cles ». La premie`re re´affirme la conception essentialiste de la psychologie humaine propre aux e´crivains classiques : l’homme est traverse´ par des sentiments et des passions qui demeurent les meˆmes de sie`cle en sie`cle. La seconde souligne la variabilite´ des moeurs : les
« usages » et les « coutumes » changent d’une e´poque a` l’autre.
Cet e´clairage est essentiel pour comprendre l’enjeu meˆme du volume Re´cits pour aujourd’hui : les textes a` valeur d’apologue sont ancre´s dans une e´poque, qu’ils interrogent de fac¸on spe´ cifique sur l’ensemble des valeurs morales qui la traversent.
On proce`de a` une e´tude compare´e des textes de Franc¸oise
Sagan et d’Andre´e Chedid.
Dans un premier temps, les e´le`ves identifient le contexte de re´daction des deux fables. La pre´sentation des textes