La perte dans l'art
L'optimiste pense qu'une nuit est entourée de deux jours, le pessimiste pense qu'un jour est entouré de deux nuits.
Francis Picabia
Il y a les pertes matérielles. Comme ces toiles ratées que l'on banni d'une couches de gesso, ces dessins chiffonnés agonisant au fond d'une poubelle. Mais il y a aussi leur trace inconsciente, le souvenir d'une maîtrise qui servira tôt où tard. Il y a les œuvres que l'on juge réussies, auxquelles on souhaite la vie longue mais l'oubli des états d'âme, ceux-là mêmes qui poussaient le pinceau plutôt dans un sens que dans l'autre. (sarah)
Penser quelque chose comme étant déjà une perte, serait donc fausser l'ordre des aboutissements. Car c'est dans le passage, involontaire, de la perte vers l'aboutissement qu'un devenir est possible, qu'un monde est possible. (Damien) Dans la transition du moment sombre de l’égarement à un autre, plus certain de prodiguer une production qualitative. (Pierrot)
Pourquoi donc aurions-nous cette nécessité masochiste d’invoquer cette soi-disant perte, de la mettre en scène et de la célébrer ? (meryll)
Peut-être parce qu’elle évoque un manque de confiance qui nous résume bien. Nous, prochaines expectorations de l’Erg dans le crachoir du marché, lorsque l’humilité prend le pas sur nos faux-semblants. Mais peut-être aussi parce qu’elle représente à sa façon une appréhension généralisée du Monde. Qu’il s’agisse de l’art, de l’environnement ou de l’humanité. (sarah)
Peut-être finalement pour laisser à tout gain, si infime soit-il, la place pour s’épanouir hors de la tanière profonde de nos pertes, peut-être plus intensément que s'il avait été invoqué au détriment de celles-ci. Toute préparation devient alors non pas essai préparant la grande lumière, l'œuvre aboutie, mais matière de vie, produit brut de l'imaginaire, jet de l'esprit sincère, spontané ou dirons nous imbécile.
Confondre ces recherches avec le travail abouti permet alors de mettre en valeur dans celui-ci, la