La peau de chagrin
Enfin, on se perd dans le jeu des lumières : la symétrie de la décoration, mais aussi du style avec les chiasmes " chacun mangea en parlant, parla en mangeant " , et les " feux croisés à l’infini " nous renvoient à un univers sans limite, une sorte d’atemporalité lugubre, brillante comme l’étoile qui s’éteint. On pense à l’enfer, un enfer où tout le monde parle mais où personne ne s’entend : les hommes " se mirent à raconter ces histoires qui n’ont pas d’auditeur ". Cette cacophonie n’est d’ailleurs pas sans rappeler le capharnaüm du brocanteur, lui conférant une nouvelle connotation angoissante. Conclusion Là encore, nous découvrons que la nourriture est une façon de s’affirmer socialement pour le banquier qui l’offre. Mais surtout, ce banquet préside au destin tragique de Raphaël. Or, le jeune homme semble déjà en avoir conscience tant le poids de la destinée semble lui peser en cette soirée pourtant gaie.
BALZAC “La peau de chagrin” (1831) Roman de 265 pages À Paris, un soir de 1830, le marquis Raphaël de Valentin, «jeune homme» aux «cheveux blonds» bouclés, passe par une maison de jeu, se promène sur les quais de la Seine. Son moral est bas et il pense au suicide. Pendant sa promenade, il entre chez Taillefer, l’antiquaire du quai Voltaire. Après qu’il ait contemplé de nombreux objets de valeur, le marchand lui montre une «peau de chagrin» à l’apparence étrange, qui est un talisman magique qui assure à son possesseur la satisfaction de tous ses désirs mais qui diminue d’autant à chaque plaisir nouveau, abrégeant d'autant sa vie. Raphaël acquiert la peau en affirmant qu’il veut vivre avec excès. En sortant de la boutique, il marche encore dans la ville et rencontre des amis qui l’emmènent dîner dans un restaurant où se trouvent de nombreux convives parmi les plus remarquables de Paris. À la fin du repas qui a tourné à l’orgie, Raphaël expose à