Les sociétés d'Afrique, plus particulièrement que d'autres, ont souvent été considérées comme marquées par l'oralité. Positivement, l'oralité est perçue comme l'usage exclusif de la parole énoncée, exécutée. En réalité, le discours qui lui est assigné a toujours privilégié sa matérialité négative, c'est-à-dire, l'absence de l'écriture. Sociétés sans-écriture, la notion correspond plus ou moins à une absence de culture. Culture intellectuelle, ou culture tout court, qui équivalait implicitement à la des premiers ethnologues. Ce qui laissait croire abusivement que de telles sociétés pouvaient s'identifier à des images stéréotypées, qui ont souvent assimilé la parole de l'oralité aux forces magiques, aux symbolismes résiduels, ou à la puissance de l'oralité.
Les études récentes et les analyses menées sur ces formes de mythologies du verbe ont démontré qu'il s'agit, non pas d'une simple oralisation de la parole, c'est-à-dire, l'articulation au moyen de la parole énoncée par l'intermédiaire des organes phonatoires, mais bien plutôt d'une verbalisation : la mise en pratique d'une culture de la parole.
Les spécialistes se complaisent actuellement à énumérer les documents qui font autorité en la matière, depuis Dieu d'eau (entretiens avec Ogotemmêli) de Marcel Griaule, textes cosmogoniques recueillis auprès du vieux Sage dogon, jusqu'aux ouvrages d'Ibrahima Alpha
Sow et de A. Hampate Bâ sur les poésies peules ou sur les récits mythiques des cosmologies pastorales. Les propos présentés ici veulent simplement donner quelques éléments pour situer la question de la parole à travers le contexte précis de son exécution dans les sociétés de l'oralité.
Le schéma proposé par Geneviève Calame-Griaule dans Ethnologie et langages peut permettre d'introduire les préliminaires sur l'oralité. Ce qu'elle avait observé se retrouve ailleurs avec la même structuration dans la figuralité. En effet, pour les sociétés de l'énonciation par l'oralité, la parole est