La notion de beauté dans la culture indienne
Il existe deux perceptions du corps : le corps physique (celui que nous vivons) et le corps dont nous avons conscience ( celui qui est délimité par la peau). En Allemagne cette distinction est également faite, et découle de la phénoménologie de Husserl (1). Deux termes existent: Köper ( l'enveloppe charnelle et visible) et Leib (le corps vécu, celui avec lequel on expérimente). Le corps vécu est continuellement en interaction avec le monde, Erwin Strauss parlait de monde "entourage"(2). Ce corps est lié à nos pensées et à nos émotions, c'est par son biais que la douleur peut être ressentit mentalement. Cette idée n'est pas récente puisque le poète et penseur cachemirien Abhinavagupta (X-XIe siècle) (3) l'avait déjà noté ainsi que certains textes tantriques tel que le Vijñanabhairava (VIIIe siècle). La philosophe indienne Rekha Menon évoque cet échange entre le corps vécu et le monde « The body is always in excess of itself, always expressive and hence trans-body » (1). Notre existence et notre appartenance au monde s’effectue avec et grâce à ce corps.
Il est important d'assimiler cette notion de corps vécu pour comprendre l'idée de la beauté dans le contexte de la culture indienne. Cette notion n'est pas seulement liée à la personne et à son allure mais également à ce qui l'entoure, le cosmos (4) et la nature. La beauté est vu dans sa globalité, si nous parlons d'une personne belle, il ne s'agira pas que d'elle, il s'agira de son corps et de son interaction avec l’extérieur. La notion de cosmos est importante dans la pensée indienne, nous faisons parti d'un tout et la façon dont nous nous mêlons avec cette globalité a un impact sur notre beauté visible.
Cela explique l'importance des ornementations et des parures des habits féminins traditionnels indiens. Il est notable également que ces motifs sont inspirés de la nature. Par le biais de bijoux, de leurs saris ou même de guirlandes de fleurs accrochées à