La méchanceté
1) Rencontrer la question de la méchanceté, c’est rencontrer la question de la faute. Le méchant commet le mal. Il faut cependant, comme nous y invite
Jankélévitch dans L’innocence et la méchanceté, distinguer ici le commettre et l’être. La faute est un acte – qui peut rester isolé. La méchanceté est un habitus, une manière d’être d’un individu. «Des fautes aussi fréquentes que l’on voudra demeurent intermittentes auprès de la continuité du vice».2) L’analyse de la méchanceté nous amène à récuser l’optimisme moral exprimé par l’intellectualisme, selon lequel le mal n’est jamais que l’ignorance du vrai bien (ainsi pour Socrate la faute est le résultat d’une méprise: désirer le mal, c’est se tromper, c’est croire que le mal est un bien). Il faut poser l’irréductibilité de l’intention mauvaise. Il existe bien une volonté du mal. Avec Jankélévitch, il nous faut affirmer que le méchant est l’auteur de sa méchanceté. «Le mal de commission, à savoir la faute, est par définition même quelque chose que l’on fait, c’est à dire qu’il n’existerait pas du tout s’il n’y avait pas une volonté, une personne pour le commettre (…) elle est assumée, à un moment donné, par l’initiative d’une volonté entreprenante». La méchanceté est donc bien guidée par un mauvais vouloir, une volonté mauvaise. S’il n’y avait pas de mauvaise intention, il n’y aurait pas non plus de bonne intention, de volonté du bien, comme le souligne Luc Ferry dans L’homme dieu ou le sens de la vie «Au fur et à mesure que la responsabilité du Mal nous est ôtée, nous sommes aussi, et pour les mêmes raisons, déchargés de celle du Bien».
3)Le méchant n’est pas seulement celui qui fait le mal et qui le fait en fonction d’une intention délibérée, il est celui qui aime le mal. Tout le monde fait le mal, mais certains l’aiment. Soulignons à ce propos qu’il est différentes façons d’aimer le mal. Ainsi la perversité est-elle tout comme