La mort et le bûcheron la fontaine
Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes. Jean De La Fontaine
Introduction
Le XVIIème siècle s'intéresse à la morale, ainsi qu'à l'esprit critique. Dans cette fable, La Fontaine nous présente le dernier étage de la société : le bûcheron. Il nous présente tout d'abord sa vie (le corps), et en tire une morale philosophique (l'esprit).
I - Le pauvre bûcheron (vers 1 à 6).
- Portrait du bûcheron : c'est un pauvre homme (affectif / financier). On ne voit d'abord que son fagot (" la ramée " ; son humanité semble écrasée sous ces branchages), et on comprend vite que c'est un vieillard (" aussi bien que des ans ") qui ne peut se permettre d'arrêter son travail.
- " Gémissant et courbé " nous renseigne sur son état physique et psychologique.
- Rythme monotone, mais très régulier ? il marche " à pas pesants ", péniblement.
- Assonances avec des nasales : " an " ? " ans ", " gémissant ", " pesants "...
- Il " tâchait de gagner " ? il a du mal. " Chaumine " ? pauvreté, habitation rudimentaire.
- Fin des 4ers vers : " ramée " ? sa tâche " ans " ? son âge " pesants " ? souffrance
" enfumée " ? misère.
- " Enfin " ? conséquence logique :