La montée des couches moyennes fait-elle disparaitre les classes sociales en France ?
La montée des couches moyennes fait-elle disparaitre les classes sociales en France ?
Au cours du XIX et XXème siècles, la notion de « classe moyenne » a été utilisée à des sens bien différents. Les classes moyennes apparaissent comme un phénomène central des sociétés capitalistes contemporaines. Elles se présentent davantage comme une nébuleuse que comme un ensemble structuré. Elles ne sont pas polarisées par un groupe social : ni les cadres ni les enseignants ni les employés de bureau ni a fortiori les indépendants ne sont en mesure de représenter à eux seuls cette vaste configuration. Elles ne s’affirment pas ensemble comme acteur sociopolitique. Mais l’essor spectaculaire de couches sociales qui ne sont pas assimilables ni à la bourgeoisie d’affaires ou d’Etat ni aux classes populaires, est un fait social suffisamment important pour modifier l’espace social et les rapports de force : l’enjeu est théorique et politique. La montée des classes moyennes peut-elle alors faire disparaitre les classes sociales en France ?
Ce qui a été dit pour les classes populaires l’est encore plus pour les classes moyennes. Les différents termes renvoient à des périodes différentes. « A chaque étape historique correspond une conception de la classe moyenne » du moins une conception dominante. Les premières analyses prenant en compte l’essor des couches moyennes salariées datent de l’entre-deux-guerres : en Allemagne, Lederer et Marschack forgent l’expression « Neuer Mittelstand » ; en France, M. Halbwachs, en définissant les classes sociales par leur « fonctions portant sur les hommes », s’attache en priorité à leurs composantes salariées.
Au début du XIXème siècle, elle désigne la bourgeoisie. A. de Tocqueville la qualifie d’ensemble de travailleurs indépendants et d’employés aisés en raison de leur situation intermédiaire entre le peuple et la noblesse. Pas suffisamment riche pour pouvoir