La monnaie est-elle neutre?
Thème traité : la monnaie est-elle neutre ?
La monnaie a toujours fortement attiré l’attention des économistes. L’une des questions majeures de l’analyse de la monnaie est de savoir si elle, ainsi que la monétisation de l’économie, modifie les agissements des agents économiques, soit le fonctionnement de l’économie réelle. Il peut en effet apparaitre, d’un côté, que la monnaie joue un rôle « actif » dans l’économie. Pourtant, certains économistes défendent toujours, avec plus ou moins de nuances et d’arrières-pensées, la thèse de la neutralité de la monnaie, celle de la dichotomie sphère réelle/sphère monétaire. Le débat sur la neutralité de la monnaie s’est accentué depuis la publication de la « Théorie Générale de l’intérêt, de la monnaie et de l’emploi », en 1936, de John Maynard Keynes, remettant en cause de nombreuses thèses des libéraux « néo-classiques » et « marginalistes », héritiers des libéraux « classiques », eux-mêmes critiqués par Karl Marx (depuis « Critique de l’économie politique », en 1859, et surtout « Le Capital » en 1867). Avec les travaux de Milton Friedman, prix Nobel, meneur de « l’Ecole de Chigaco » et du monétarisme, opposé au keynésianisme, ce débat se transforme en celui concernant l’efficacité des deux grandes politiques économiques conjoncturelles : budgétaire et monétaire. Soit un débat sur le degré d’intervention de l’Etat, sur la priorité entre la lutte contre l’instabilité monétaire et contre le sous-emploi. Dès lors, doit-on penser, comme Keynes, que la monnaie « procure un droit immédiat sur la vie » qui, selon Samuelson, « à côté du capital et de la spéculation, constitue un troisième aspect de la vie moderne sans laquelle notre division moderne du travail serait impossible » ? Ou bien la monnaie n’est-elle qu’un « voile » comme l’affirmait Say ? De plus, ce problème peut-il être traité sans arrière-pensées doctrinales ? Le débat sur la neutralité de la monnaie, qui pouvait se justifier dans le passé et