L’atmosphère de cette nouvelle est inquiétante, aussi bien du point de vue des personnages que de celui du lecteur. Le fait que le récit soit à la première personne, usage très fréquent dans les nouvelles fantastiques, permet ici de diffuser l’angoisse chez le lecteur : le juge, en exprimant les sentiments qu’il a ressentis contamine le lecteur qui se prend lui aussi à avoir peur. Cette peur redoublée est caractéristique du fantastique. Or, le narrateur, M. Bermutier, souligne lui-même la peur qu’il ressent. Pour cela, il utilise le champ lexical de l’angoisse : il évoque le « frisson » qui le parcourt, qualifie la figure du cadavre d’« effrayante ». Par ailleurs, lorsqu’il s’aperçoit que la main n’est plus à la place qu’elle occupait auparavant, il écrit : « Elle n’y était plus », phrase brève, qui va à l’essentiel et, par sa netteté, sert à exprimer l’angoisse autant que la surprise. La même surprise est perceptible lorsqu’il écrit que « l’Anglais était mort étranglé ! » ; la proposition, apparemment objective, est en fait imprégnée de la subjectivité du narrateur qui fait ressentir son émotion à travers l’usage du point d’exclamation. A l’angoisse du narrateur répond celle que manifeste le cadavre, dont le juge nous dit qu’il « exprim[e] une épouvante abominable ». Enfin, M. Bermutier nous suggère une possible folie de Sir John Rowell : il parle de « démence » accompagnée d’une « fureur », terme qui qualifie la colère démesurée, et décrit un personnage apparemment incohérent. Or, la folie est un phénomène en soi inquiétant, renforcée chez l’Anglais par son habitude de parler tout seul. Ainsi, l’atmosphère de la nouvelle est angoissante et, à ce titre, fait signe vers le registre fantastique ; mais on peut même aller plus loin et dire que certains éléments de la nouvelle expriment l’horreur.