De mon point de vue, le travail, tel qu’il est conçu et mis en scène de nos jours, est un tour de passe-passe, de magie et d’illusion. Il y a ceux qui le pratiquent et ceux qui le subissent. Ce qui fait la magie du travail, c’est ce petit « truc » que certains connaissent et dont ils se servent ; ce petit « quelque chose », insaisissable, que d’autres cherchent en vain, en passant parfois très près, sans jamais le trouver. Je dis que le travail, c’est du cinéma, c’est un film que des spectateurs regardent. C’est un film et les travailleurs sont les spectateurs qui se regardent et se prennent pour des personnages, secrétaire, directeur, ouvrier, chef, etc. ces personnages ont une certaine valeur : un président de la république vaut tant ; un pilote de ligne vaut tant, un médecin, tant, ainsi de suite. Cet argent qui est versé aux personnages leur permet de consommer des biens et des services qui sont concrets et qui donnent le sentiment au consommateur de la réalité de son personnage. Il croit dur comme fer que son personnage existe, qu’il est réel et vrai ; ce qui n’est pas le cas ; son personnage est virtuel, la chose qui est réelle, c’est son corps nu, car il n’y a que le naturel qui soit réel. L’artificiel, c’est du faux, pas du vrai, c’est de l’imitation, de la falsification, du mensonge. Ils ont trouvé des gens sans mensonges, tout nus en Afrique, en Amazonie, en Océanie et Ils les ont obligés à se couvrir de mensonge ; Ils l’appellent Civilisation. Au début, c’était par la force qu’on faisait travailler, c’était l’esclavage, ça prenait trop d’efforts de la part des Maîtres, ça demandait trop d’attention et ça coûtait trop cher ; trop d’efforts, trop d’argent, des arguments suffisants aux Maîtres pour chercher une autre forme de production économique. Il fallait convaincre le public de travailler, lui faire croire en la valeur du travail, donner de la valeur au travail. Les Maîtres ont donc libéré les esclaves et ont confisqué tout le travail,