La liberté et le moi
Bergson cherche à penser la liberté en dehors des cadres du déterminisme et du libre arbitre. Le déterminisme psychologique revient à penser la décision volontaire comme l’effet mécanique de multiples éléments jouant le rôle de causes. La causalité mécanique, posant que « la même cause produit le même effet », postule donc qu’une même combinaison de causes peut se répéter. Or, dit Bergson, dans la durée psychologique, on ne retrouve jamais les mêmes composants, les mêmes combinaisons. De plus cette durée se définit par la continuité (elle s’oppose en cela à l’espace qui peut être divisé) et, en ce sens, il est absurde de morceler l’action en différentes phases : délibération, décision, accomplissement. La thèse du libre arbitre n’est pas plus recevable car, comme on l’a vu, elle suppose la possibilité d’une présence simultanée de deux décisions contraires ce qui est encore méconnaître la durée, la confondre avec l’espace, et considérer la décision comme un choix entre différents chemins tracés d’avance. La délibération est en réalité un processus dans lequel le moi et les motifs sont en perpétuel devenir. Quant au sentiment qui accompagne la décision, il reflète l’âme tout entière. C’est cela « qu’on appelle un acte libre puisque le moi en aura été l’auteur, puisqu’elle exprimera le moi tout entier ». Notre liberté se révèle donc lorsque nos actes relève de notre personnalité tout entière, quand ils lui ressemblent comme parfois l’œuvre ressemble à l’artiste. Ajoutons que la liberté ne se définit pas, elle